Article de Révision : Le XVIIe Siècle, un Nouveau Tournant de la Littérature Française
Public cible : Étudiants de première année universitaire en Lettres.
Introduction
Le XVIIe siècle français, souvent appelé « le Grand Siècle », est une période de profonde transformation et de formalisation de la littérature. Marquée par l'émergence de l'idéal classique, la centralisation du pouvoir royal et le développement des salons, cette période rompt avec la liberté désordonnée de la Renaissance pour imposer des règles, une recherche de la perfection formelle et une réflexion essentielle sur l'être humain. Cet article vous propose de revisiter ces enjeux à travers différentes typologies de questions, des conseils méthodologiques et un exemple concret de dissertation corrigée.
1. Questions et Réponses (Q/R)
Q : Quelles sont les deux grandes périodes qui divisent le XVIIe siècle ?
R : Le siècle se divise en deux mouvements principaux :
La première moitié (1600-1660) : Période baroque, marquée par l'instabilité (la Fronde), l'exubérance, la métamorphose et une certaine liberté (ex : Corneille, Cyrano de Bergerac).
La seconde moitié (1660-1715) : Période classique, dominée par le règne personnel de Louis XIV. Elle prône l'ordre, la raison, la mesure et la bienséance (ex : Racine, Molière, Boileau).
Q : Qu'est-ce que la « Querelle des Anciens et des Modernes » ?
R : C'est un débat littéraire qui agite la fin du siècle. Les « Anciens » (comme Boileau, Racine) estiment que les auteurs antiques (Grecs, Latins) ont atteint la perfection et doivent être imités. Les « Modernes » (comme Charles Perrault) pensent que leur siècle a dépassé l'Antiquité et peut innover.
Q : Citez trois salons littéraires importants et leur figure marquante.
R :
Salon de Catherine de Rambouillet (la « Chambre bleue ») : précurseur, lieu de raffinement.
Salon de Madeleine de Scudéry : célèbre pour ses conversations et ses « cartes de Tendre ».
Salon de Marquise de Sablé : lieu de discussions plus philosophiques et moralistes.
2. Questions de Critique et d'Évaluation d'Opinion
Ces questions vous demandent de prendre position et de défendre un point de vue argumenté.
« L'idéal classique est-il une libération ou une limitation pour l'écrivain du XVIIe siècle ? »
Pour la limitation : Contraintes des règles (règle des trois unités, bienséance), censure royale, devoir de plaire et instruire.
Pour la libération : La contrainte comme source de créativité, recherche d'une forme parfaite et universelle, approfondissement de la psychologie des personnages.
« La comédie de Molière est-elle simplement divertissante ou une arme critique redoutable ? »
Pour le divertissement : Recours à la farce, aux quiproquos, aux jeux de scène physiques.
Pour la critique : Dénonciation des défauts humains (avarice, hypocrisie, misanthropie, pédantisme) et des travers sociaux (médécins, précieuses, dévots).
« En quoi la tragédie racinienne est-elle le reflet de l'absolutisme louis-quatorzien ? »
Pistes : Personnages écrasés par un destin/un ordre supérieur (comme le sujet par le Roi), conflit entre la passion et la raison/le devoir, fin souvent catastrophique montrant le prix de la transgression.
3. Questions d'Analyse d'Opinion et d'Arguments
Ces questions vous invitent à décortiquer les thèses en présence dans un texte ou un débat.
« Analysez les arguments développés par La Bruyère dans Les Caractères pour critiquer la cour de Louis XIV. »
Attendu : Relever les procédés (ironie, métaphores, portraits), identifier les cibles (les courtisans, l'ostentation, la vanité), expliquer le fond de la critique (la perte des valeurs authentiques).
« En vous appuyant sur Les Pensées de Pascal, expliquez son argumentation sur la misère et la grandeur de l'homme. »
Attendu : Analyser le paradoxe : l'homme sans Dieu est un être misérable et vaniteux (« roseau pensant »), mais sa pensée est ce qui le rend grand. Comprendre l'usage des raisonnements et des images.
« Quel est le rôle de la raison dans la morale des moralistes (La Rochefoucauld, La Bruyère) ? »
Attendu : Montrer que la raison est un outil pour percer les illusions de l'amour-propre et voir la vérité humaine, souvent sombre. Elle est un guide pour une conduite lucide et honnête.
4. Questions de Synthèse et d'Évaluation
Ce sont des sujets de dissertation qui demandent de mobiliser l'ensemble de vos connaissances pour construire une réflexion personnelle et structurée.
« En quoi peut-on dire que le XVIIe siècle a inventé l'« honnête homme » ? »
« La littérature du XVIIe siècle vous semble-t-elle primarily tournée vers l'analyse de l'individu ou vers la représentation de la société ? »
« Peut-on considérer que le classicisme est l'aboutissement des tendances littéraires du XVIIe siècle ? »
5. Conseils Méthodologiques
Maîtriser le contexte : Reliez toujours les œuvres au siècle (absolutisme, rôle de l'Église, développement des salons).
Citer avec précision : Apprenez quelques citations clés pour étayer vos arguments (ex: « Je pense, donc je suis » de Descartes ; « Le cœur a ses raisons que la raison ignore » de Pascal).
Définir les notions : N'employez pas les termes « classique », « baroque », « jansénisme » ou « honnête homme » sans en donner une définition claire.
Comparer avec pertinence : Pour montrer l'évolution, n'hésitez pas à faire de brefs contrastes avec le XVIe (Rabelais, Montaigne) ou le XVIIIe siècle (les Lumières).
Structurer votre propos : Que ce soit à l'oral ou à l'écrit, suivez un plan logique (Thèse/Antithèse/Synthèse ou Problématique/Développement en 2-3 parties/Conclusion).
6. Résumé
Le XVIIe siècle est le siècle de la rationalisation (Descartes) et de la codification (Boileau). Il passe d'une esthétique baroque (mouvement, excès) à une esthétique classique (ordre, raison, vraisemblance). Il invente le modèle de l'honnête homme et explore les profondeurs de l'âme humaine à travers le théâtre (tragédie et comédie) et les moralistes. C'est un siècle de tension permanente entre la passion et la raison, l'individu et la société, l'innovation et le respect des règles.
7. Examen Modèle avec Corrigé
Sujet de dissertation : « En vous appuyant sur des exemples précis, vous montrerez que la recherche de la vérité est une préoccupation majeure des écrivains du XVIIe siècle. »
Corrigé Type (Plan détaillé)
Introduction :
Accroche : Le XVIIe siècle est souvent perçu comme celui de l'apparence et de l'étiquette (la cour de Louis XIV). Pourtant, une quête profonde de vérité l'anime.
Problématique : Sous quelles formes et dans quels domaines cette exigence de vérité se manifeste-t-elle ?
Annonce du plan : Nous verrons d'abord la quête d'une vérité scientifique et philosophique (I), puis celle d'une vérité humaine et psychologique (II), et enfin comment cette recherche s'exprime à travers une exigence de vérité dans l'écriture elle-même (III).
I. La quête de la vérité scientifique et philosophique : une révolution méthodique
A. La méthode cartésienne : Descartes (Discours de la méthode) cherche une vérité certaine, fondée sur la raison et le doute systématique. Il établit une nouvelle base pour la connaissance (« Je pense, donc je suis »).
B. L'esprit scientifique : Création de l'Académie des sciences. Des auteurs comme Pascal mènent des expériences scientifiques (sur le vide) pour découvrir les lois de la nature, opposant la vérité factuelle aux préjugés.
II. La quête de la vérité humaine et psychologique : le regard des moralistes
A. Démasquer les illusions : La Rochefoucauld (Maximes) cherche la vérité cachée derrière nos actions. Il dévoile le rôle de l'amour-propre et montre que nos vertus sont souvent des vices déguisés.
B. Peindre les caractères authentiques : La Bruyère (Les Caractères) peint la société de son temps avec un souci de réalisme et de vérité, critiquant les faux-semblants des courtisans. Molière, dans ses comédies, ridiculise les comportements affectés (précieuses, tartuffe) pour ramener à la raison et à la nature.
III. La quête de la vérité dans l'écriture : l'idéal classique
A. La vraisemblance et la bienséance : Au théâtre, les règles classiques (vraisemblance) ne cherchent pas le réel brut, mais une représentation crédible et moralement acceptable qui parle universalement de l'homme.
B. La clarté et la précision de la langue : Les écrivains classiques (influencés par Malherbe, Boileau) recherchent une langue claire, précise et pure, capable d'exprimer justement les nuances de la pensée et du cœur. La rhétorique est au service de l'expression d'une vérité.
Conclusion :
Synthèse : La recherche de la vérité au XVIIe siècle est donc multiple : elle est épistémologique, morale et esthétique. Elle traverse tous les genres.
Ouverture : Cette exigence de vérité, notamment psychologique, annonce déjà le siècle des Lumières et le développement du roman d'analyse au XVIIIe siècle.
Note pour l'étudiant : Ce plan est une possibilité parmi d'autres. L'important est de problématiser le sujet, de structurer sa réponse et d'étayer chaque argument par des exemples précis (titres d'œuvres, noms d'auteurs, courants littéraires).

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire